- youtre
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● youtre nom (allemand Jude, avec insertion de r) Populaire. Terme injurieux et raciste pour désigner un Juif.⇒YOUTRE, subst.Péj. [Injure à caractère raciste pour désigner le juif] Synon. youpin. Chez le juif près duquel on achète, il se passe une chose curieuse: aussitôt que vos achats se ralentissent, l'amabilité baveuse du youtre se renfrogne et devient poliment glaciale (GONCOURT, Journal, 1891, p. 111). Même s'il n'a rien fait, il mérite d'être fusillé. Ce serait trop beau que Monsieur Lamballe se tienne peinard à la campagne, à attendre le retour de ses petits amis les youtres, tandis que nous léchons les bottes des Fritz (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 41).— Empl. adj. Des Roses, je n'en ai plus. On m'envoie promener (...). Ces gens-là sont tous youtres, éditeur youtre, acheteur aussi. Moi, pas youtre (RENARD, Corresp., 1885, p. 50).REM. Youd, youddi, subst. et adj., péj. [Injure à caractère raciste pour désigner le juif] Débarrassez-nous de votre présence (...) ignominieux youddis! rugissait Fischart (L. DAUDET, Voy. Shakespeare, 1896, p. 191). Parfaitement, faut les virer, les youds (J. JOFFO, Un Sac de billes, 1973, p. 28).Prononc.:[
]. Le youtre, un youtre, sans liaison. Étymol. et Hist. [1828 subst. (VIDOCQ d'apr. DAUZAT 1954)] 1847 subst. (Dict. compl. arg.); 1864 adj. (A. DELVAU, Les Cythères parisiennes, p. 124 ds Fr. mod. t. 16, p. 219). Empr. à l'all. Jude « juif », prob. par l'intermédiaire des dial. de l'est de la France (cf. FEW t. 5, p. 54a). Fréq. abs. littér.:10.DÉR. Youtrerie, subst. fém., vieilli, péj. (avec une très forte connotation raciste). Réunion de juifs. Enfin, voici Meyer, et toute la youtrerie de se jeter au-devant de lui pour le féliciter (GONCOURT, Journal, 1886, p. 568). — [
]. — 1re attest. 1878 « réunion de juifs; avarice, usure » (RIGAUD, Dict. jargon paris.); de youtre, suff. -erie.youtre [jutʀ] n. et adj.❖♦ Péj. (Injure raciste, encore plus violente aujourd'hui que youpin). Juif. ⇒ Youde; → aussi X, cit. 8.1 (…) on le reçoit au salon chez les bons youtres, qu'il prend sincèrement pour la plus haute aristocratie, puisqu'ils ont l'argent.Léon Bloy, le Désespéré, p. 199.2 Si le mot « juif » était remplacé par le mot « youpin » la situation devenait plus délicate. En général, Simon laissait passer un peu de temps, puis glissait dans la conversation : « Moi qui suis d'origine juive… ». Remarque qui, immanquablement, attirait la réponse : « Oh mais je connais des Israélites trrrès bien ! Tenez, justement… ». Quant au mot « youtre », il ne l'avait jamais entendu, mais l'eût certainement fort mal pris.Roger Ikor, les Fils d'Avrom, « Les eaux mêlées », p. 478.♦ Var. graphiques (vieillies) : ioutre, cf. Daudet, l'Immortel, p. 232; ïoutre.3 … Et toute la maison (…) ïoutre ! ïoutre ! ïoutres, les domestiques ! ïoutre, la femme ! ïoutre, le moutard, ïoutre, mon ami ! ïoutre !… tous, ïoutres !… pas moi, ïoutre…Ed. et J. de Goncourt, Manette Salomon, p. 137.
Encyclopédie Universelle. 2012.
